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Le blé dur plus que jamais « en souffrance »

De gauche à droite, lors de la 27e journée blé dur, jeudi 6 février à Aix-en-Provence : Frédéric Gond, président du comité de pilotage de la filière, Sophie Vallade, directrice région Sud Arvalis, Bernard Illy, président de Duransia, Bénédicte Martin (Région Sud Paca), Nicolas de Sambucy, président du comité régional des céréales chez FranceAgriMer, Patrice Florentin, DG du groupe CAPL, Christian Reclus, DG d’Arterris, et Matthieu Killmayer, animateur filière blé dur chez Arvalis.

À l’occasion de la 27e journée de la filière blé dur, qui se déroulait jeudi 6 février à Aix-en-Provence, pas moins de 280 participants se sont rassemblés. Et le constat fut sans appel : il est urgent de relancer collectivement la production de blé dur en France.

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« Les surfaces de blé dur sont en déclin. En quinze ans, elles ont été divisées par deux », a alerté Benoît Piétrement, président d’Intercéréales, lors de la 27e journée de la filière, qui s’est tenue le jeudi 6 février à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Et la tendance ne semble pas près de s’inverser : en 2025, les surfaces cultivées devraient encore reculer, passant de 240 000 hectares en 2024 à seulement 227 000 hectares. « Nous atteignons des niveaux historiquement bas », déplore-t-il.

Mobiliser l’ensemble de la filière

Face à cette situation qui fragilise l’ensemble des maillons de la chaîne, la filière tire la sonnette d’alarme et se mobilise pour relancer la production. Elle mise notamment sur le Plan de souveraineté blé dur, lancé lors du Salon de l’agriculture 2024. Doté de 43 M€ sur cinq ans, dont une contribution de l’État estimée à 11 M€, ce plan est piloté par l’interprofession, en collaboration avec Arvalis et l’AGPB et aux côtés de tous les acteurs de la filière (instituts techniques, organismes de recherche, chambres d’agriculture, interprofessions, organismes stockeurs, industriels, etc.). « Relancer la production de blé dur français, assurer notre souveraineté et sécuriser les approvisionnements de nos industriels : voilà les ambitions que nous partageons collectivement », relève Benoît Piétrement.

« Nous devons trouver un moyen de soutenir le producteur en cas de problème climatique, et donc de qualité dégradée », a insisté Benoît Piétrement, président d’Intercéréales. (© Mathilde Soulé)

Le plan repose sur trois piliers : la recherche variétale, la décarbonation et la sécurisation de l’agriculteur en instaurant des contrats et en réfléchissant à des mécanismes assurantiels. « Si l’agriculteur se tourne vers une production technique comme le blé dur, nous devons trouver un moyen de le soutenir, en cas de problème climatique et donc de qualité dégradée », souligne Benoît Piétrement. Pour Nicolas De Sambucy, président du comité régional des céréales de FranceAgriMer, l’objectif de ce plan est également de revenir à une agriculture pilotée et ainsi permettre aux agriculteurs de produire à moindre coût.

Un quatrième levier, « la diffusion », est en cours de développement. « Il s’agit d’atteindre les agriculteurs pour faire en sorte de relancer la machine. Cela nécessitera un gros travail de l’ensemble de la filière », ajoute Benoît Piétrement. Mais pour l’heure, la mise en place de ce plan est ralentie par l’instabilité politique du pays.

« Nous sommes en souffrance »

Pourtant, « c’est un bon plan pour relancer cette filière dans toute la France, mais aussi dans le Sud-Est, parce que nous sommes en souffrance », avertit Nicolas de Sambucy. Les aléas climatiques récurrents et la baisse des aides allouées aux exploitations de blé dur ont poussé les agriculteurs à s’en détourner.

Conséquence, les organismes stockeurs peinent à remplir leurs silos. « Nos silos ne sont qu’à 50 % de leur capacité, confie Édouard Cavalier, président de l’association Blé dur développement et président délégué du pôle agriculture d’Arterris. Aujourd’hui, les comptes des coopératives ne sont pas bons, donc des questions se posent sur le maintien de certains silos. Pour l’instant nous le faisons, mais nous ne pourrons pas tenir ad vitam aeternam. Il va falloir se restructurer, se réorganiser, et c’est pourquoi nous avons besoin que, d’ici cinq ans, il y ait des solutions pour relancer rapidement la production de blé dur. »

« 200 € de plus par producteur. »

Consciente des difficultés, la filière insiste sur le fait que cela « ne se fera pas sans le soutien de l’État » et plaide pour la remise en place d’aides couplées à la production de blé dur.

« Cette espèce est à peu près la seule qui nous permettra, demain, de garder les grandes cultures sur cette zone méditerranéenne, a déclaré Christian Reclus, directeur général d’Arterris. Pendant très longtemps, cette culture a été la première espèce cultivée au sein de la coopérative, ce n’est plus le cas ; elle est largement dépassée par le blé tendre et le blé de force. Relancer la production, c’est un enjeu de territoire, d’économie du territoire, mais aussi d’économie globale au-delà de l’activité agricole. Car la perte de récolte du territoire Sud-Ouest, dans sa globalité, fait que le port de Port-la-Nouvelle n’existe plus. Si nous voulons avoir durablement du blé dur, il faut aller chercher 200 € de plus par producteur. »

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